Fruit et légumes
Légume frais bio : vers un essoufflement du marché ?
Depuis 2020, plusieurs signaux quant à l’évolution à terme de l’équilibre offre et demande interpellent la filière légumes frais bio en France. La consommation semble progresser moins vite que la production…
Depuis 2020, plusieurs signaux quant à l’évolution à terme de l’équilibre offre et demande interpellent la filière légumes frais bio en France. La consommation semble progresser moins vite que la production…
Les fruits et légumes frais bio figurent à la deuxième place des produits biologiques les plus consommés en France. À eux seuls, ils pèsent pour 17 % des achats en bio, soit environ 2,03 milliards d’euros, selon l’Agence bio. Si ce marché a bénéficié d’une accélération de croissance depuis 2016, la tendance haussière tend désormais à ralentir. « Il ne s’agit pas d’une baisse de la demande, mais bien d’un ralentissement de la croissance du marché », précise Isabelle Jusserand, responsable RSE et agriculture biologique à Interfel lors du webinaire « Anticiper pour une meilleure adéquation offre/demande », organisé par Interbio Pays de la Loire, le réseau d’initiative Bio en Bretagne et Bio Centre, le 2 avril.
Les indicateurs de consommation restent au vert en 2020. Kantar estime les parts de marché des fruits et légumes bio en progression par rapport à 2019, de 5 % en volume et de 9 % en valeur. Si les volumes progressent de manière régulière, la valeur dépensée a, elle, augmenté plus rapidement, en lien avec la hausse des prix à l’achat des produits frais pendant le confinement.
La consommation progresse moins vite que la production
Les surfaces françaises de légumes certifiées AB ont bondi de 73 % et celles en conversion se sont envolées de 244 % en cinq ans. Ce qui laisse présager une perspective haussière de la production à venir. Or, les volumes de légumes bio mis en marché ont tendance à se stabiliser. Plusieurs signaux inquiétants interpellent quant à l’évolution du marché des légumes bio en 2020.
Hors période de confinement, la taille de la clientèle a eu tendance à se stabiliser, voire à se replier. Le niveau des cours au stade expédition sur certains produits, particulièrement la tomate, a atteint des niveaux historiquement bas. Face à l’effondrement des cours, davantage d’opérateurs ont redirigé leurs productions vers le conventionnel. Contrairement aux années précédentes, l’offre ne se montre plus largement déficitaire. Si en 2019, environ trois quarts des opérateurs estimaient que le marché des légumes bio allait augmenter, en 2020, seulement 58 % étaient optimistes sur une telle évolution. Ce sont surtout les réponses pariant sur la stabilité du marché qui a augmenté.
Forte concurrence
« Le marché est en pleine mutation, nous restons vigilants pour éviter des surproductions », alerte Catherine Pierzo, directrice de Biobreizh. L’arrivée de nouveaux producteurs, notamment en tomates et concombres, tend à alourdir l’offre. De plus, la concurrence sur le marché des légumes bio reste de rigueur. « Les acteurs du conventionnel surfent sur la vague du « sans pesticides », Zéro résidu ou Haute Valeur environnementale pour casser les prix », poursuit-elle. Faire du bio plus exigeant pour répondre à un marché de niche ou encore toucher un marché plus local sont autant de stratégies que Biobreizh compte adopter pour sécuriser sa filière légume bio frais dans l’avenir.